Cache-cache
Une première partie comme un préambule. Des barils, des chaises, un portrait de Jeanne-Claude, un cheval de bois, une poussette d’enfant… Chaque objet emballé, ficelé, se jouant du regard de celui qui cherche à en découvrir les détails. Se déploie ici le travail réalisé par l’artiste dans son atelier durant ses années parisiennes, alors qu’il connaissait à peine Jeanne-Claude. Et l’on découvre cette obsession de tout empaqueter, de tout ficeler. Camoufler pour révéler. Masquer le superflu pour dévoiler l’essentiel. Beauté des formes. Soin du détail. Le pli, le repli, la matière, la brillance, le froissé. Une certaine esthétique du drapé.
La seconde partie du parcours est dédiée à l’une des œuvres les plus célèbres de l’artiste : l’empaquetage du Pont-Neuf, qui se tint du 22 septembre au 6 octobre 1985. Sont exposés photos et dessins, cordages et maquettes. Dix années de travail du célèbre couple pour envisager toutes les étapes de cet immense projet. L’on y découvre le sens du détail et la vision globale de Christo, indispensable alliance pour aller au bout de ces projets titanesques qui prennent vie en plein air, en s’appropriant un lieu. Le film documentaire des frères Maysles projeté à mi-parcours dévoile une autre facette du talent qu’il fallut au couple pour arriver à ses fins : la négociation. L’une des scènes montre le couple en pleine discussion avec Jacques Chirac, alors Maire de Paris, tandis que ce dernier n’était pas vraiment enthousiaste à l’idée de montrer un Pont Neuf emballé aux Parisiens. Nous suivons le couple dans sa campagne de sensibilisation des parisiens, jusqu’à l’apparition de l’œuvre et aux réactions des parisiens qui la découvrent. 40 000m2 de toile, 12 tonnes de câbles d’acier, 300 professionnels spécialisés, 12 ingénieurs furent déployés pour recouvrir le Pont-Neuf, ses arches, tourelles, trottoirs et parois, jusqu’à l’esplanade du square Vert-Galant. Colossal.
Dans le couloir qui mène à la sortie est retracé un parcours chronologique des œuvres In situ réalisées par Christo et Jeanne-Claude, en attendant l’emballage de l’Arc de Triomphe qui débutera en septembre sans l’artiste, décédé durant le confinement…
Christo nous emballe à Beaubourg, jusqu’au 19 octobre.